Cheikh Adlan Khaled Bentounès
Guide spirituel de la Confrérie soufie ‘alâwiyya (Algérie), Président fondateur des Scouts musulmans de France, Président d'Honneur de l'Association Internationale « Les Amis de l'Islam »
Mesdames, Messieurs, bonjour. Je n'aime pas beaucoup les éloges et j'en ai reçu beaucoup trop, ce qui m'amène, je crois à vous dire sincèrement que tout homme, quel qu'il soit, ne fait au fait que remplir ce que le destin lui a prescrit. Tel est ma foi, étant donné que je crois sincèrement que chaque être humain est un livre. Et ce livre contient plusieurs chapitres, ce sont les épisodes de notre vie. A nous de décoder et de comprendre ce que nous sommes et c’est ce qui m'amène justement à situer au sein de ce livre cette paix qui nous préoccupe et nous rassemble aujourd’hui.
Tous ceux qui m'ont précédé ont remercié Mme Campion, son mari, les organisateurs, le soutien de l’Unesco. Je voudrais moi également rajouter mes remerciements et mes souhaits C’est le destin de cette femme, ce qui est écrit en elle, cela s'est révélé aujourd'hui, malgré qu'elle n’ait pas été préparée, ni, croyait-elle, destinée à porter un tel projet.
Maintenant, de quelle paix il s'agit ? Nous avons parlé de paix, de dialogue entre les religions et surtout, à mon avis, d'une paix à l'échelle humaine. Mais moi, je voudrais poser le problème à un autre niveau. Je dirais : "Est-ce que l'homme est capable de faire la paix ? Est-ce que les hommes sont capables de faire la paix ? Est-ce que les hommes sont capables de mener ce projet de paix ?" Depuis la nuit des temps, les hommes n'ont fait que des paix basées sur des pactes, sur des consensus souvent violés, souvent trahis. Et quand on a fait la paix, on la fait contre quelqu'un. C’est une alliance de pays, de puissances contre d'autres puissances. Et comment l'homme peut-il faire la paix alors qu'il n'a pas réussi à faire la paix avec lui-même ? Qu'il est constamment en contradiction, dans un déchirement intérieur? Comment cet homme peut-il faire la paix entre les hommes si lui-même ne la vit pas, si lui-même ne la réalise pas ? Comment un homme qui n'a pas pu mettre la paix au sein de son foyer, au sein de sa communauté, au sein de son propre pays, des partis qui se déchirent, partisans de droite, partisans de gauche, etc., etc., etc. Donc, de quelle paix parlons-nous ?
La paix dans la tradition islamique, c'est avant tout un attribut divin, c'est le sixième nom parmi les quatre-vingt dix-neuf noms divins, donc, c'est un attribut qui habite le coeur de l’homme. Il ne peut l’avoir que par grâce divine, c'est un esprit qui nous habite, un état qui nous possède et non des pactes qu'on signe dans la perspective de les violer demain ou de les interpréter à notre façon demain. La condition humaine ne peut toute seule édifier une société sur la paix si, et là je reviens à la partie religieuse, si les religieux eux-mêmes n'enseignent pas cette faculté de posséder la paix intérieure, de préparer leurs communautés à baigner dans cet attribut divin, de le goûter, de le vivre et de le partager. Si nous voulons la paix, alors sommes-nous capables quelque part de faire taire notre ego et notre individualité ? Ma patrie, ma terre, mon peuple, ma maison, mon drapeau, mon parti, mon église, ma religion...Tant qu'on reste dans ce domaine du moi et toi, ce domaine du possessif, ce domaine d'une confrontation toujours possible, parce que même en dialoguant avec l'autre, j'essaie toujours en moi-même, je pense quand même que c'est moi qui ait raison. Alors, sans cette perspective d'unité de l'être, sans faire en sorte que l’autre fasse partie de moi-même, comment pouvons-nous trouver la paix ? Je ne fais la paix qu'avec celui qui fait partie de moi-même, celui qui me ressemble. Je tiens peut-être pour certains un discours tout à fait théorique, tout à fait chimérique, mais je m'en tiens à ce discours en disant que le champ religieux et celui de toutes les religions sans exception doit échapper à la situation dans laquelle il se trouve, et je viens d’un pays qui s'appelle l'Algérie - vous savez ce qui se passe dans ce pays - donc je parle en conséquence. Il faut libérer le domaine religieux de l'otage dans lequel il se trouve aujourd'hui, l'otage des politiques.
Je voudrais encore, pour ne pas être trop long, dire que nous sommes tous, chacun à notre façon, fiers d'appartenir à une communauté, à une religion, à un message, mais n’oublions pas l’essentiel ! L'essentiel est que nous sommes comme les grains d'un chapelet, chacun individuellement mais reliés par un fil, ce fil c'est l'esprit qui anime tout être humain. Celui qui voit l'humanité dans cette perspective, qu'il fait partie d'un tout, et qu'il n'est en fait qu'un instant dans le temps. L'éternité est à Dieu et c'est ce discours que je voudrais surtout que les jeunes comprennent, qu'il faut qu'ils bousculent ce monde, ce monde d'adultes qui, assis sur des convictions et des vérités toutes faites, qu’elles soient matérialistes, financières, religieuses,… on parle de la mondialisation aujourd'hui…, mais ce que je voudrais que nos jeunes aujourd'hui apprennent et c'est mon témoignage : je ne suis pas venu vous apprendre quoi que ce soit, seulement témoigner que cette perspective de paix existe, elle existe en chacun de nous dans un retour vers l'essentiel. Vous les jeunes, bousculez ce monde et allez vers l'universel, devenez hommes et femmes universels portant en vous et à travers vous l'humanité toute entière et l'héritage qui lui vient depuis la nuit des temps. Merci beaucoup.
Mesdames, Messieurs, bonjour. Je n'aime pas beaucoup les éloges et j'en ai reçu beaucoup trop, ce qui m'amène, je crois à vous dire sincèrement que tout homme, quel qu'il soit, ne fait au fait que remplir ce que le destin lui a prescrit. Tel est ma foi, étant donné que je crois sincèrement que chaque être humain est un livre. Et ce livre contient plusieurs chapitres, ce sont les épisodes de notre vie. A nous de décoder et de comprendre ce que nous sommes et c’est ce qui m'amène justement à situer au sein de ce livre cette paix qui nous préoccupe et nous rassemble aujourd’hui.
Tous ceux qui m'ont précédé ont remercié Mme Campion, son mari, les organisateurs, le soutien de l’Unesco. Je voudrais moi également rajouter mes remerciements et mes souhaits C’est le destin de cette femme, ce qui est écrit en elle, cela s'est révélé aujourd'hui, malgré qu'elle n’ait pas été préparée, ni, croyait-elle, destinée à porter un tel projet.
Maintenant, de quelle paix il s'agit ? Nous avons parlé de paix, de dialogue entre les religions et surtout, à mon avis, d'une paix à l'échelle humaine. Mais moi, je voudrais poser le problème à un autre niveau. Je dirais : "Est-ce que l'homme est capable de faire la paix ? Est-ce que les hommes sont capables de faire la paix ? Est-ce que les hommes sont capables de mener ce projet de paix ?" Depuis la nuit des temps, les hommes n'ont fait que des paix basées sur des pactes, sur des consensus souvent violés, souvent trahis. Et quand on a fait la paix, on la fait contre quelqu'un. C’est une alliance de pays, de puissances contre d'autres puissances. Et comment l'homme peut-il faire la paix alors qu'il n'a pas réussi à faire la paix avec lui-même ? Qu'il est constamment en contradiction, dans un déchirement intérieur? Comment cet homme peut-il faire la paix entre les hommes si lui-même ne la vit pas, si lui-même ne la réalise pas ? Comment un homme qui n'a pas pu mettre la paix au sein de son foyer, au sein de sa communauté, au sein de son propre pays, des partis qui se déchirent, partisans de droite, partisans de gauche, etc., etc., etc. Donc, de quelle paix parlons-nous ?
La paix dans la tradition islamique, c'est avant tout un attribut divin, c'est le sixième nom parmi les quatre-vingt dix-neuf noms divins, donc, c'est un attribut qui habite le coeur de l’homme. Il ne peut l’avoir que par grâce divine, c'est un esprit qui nous habite, un état qui nous possède et non des pactes qu'on signe dans la perspective de les violer demain ou de les interpréter à notre façon demain. La condition humaine ne peut toute seule édifier une société sur la paix si, et là je reviens à la partie religieuse, si les religieux eux-mêmes n'enseignent pas cette faculté de posséder la paix intérieure, de préparer leurs communautés à baigner dans cet attribut divin, de le goûter, de le vivre et de le partager. Si nous voulons la paix, alors sommes-nous capables quelque part de faire taire notre ego et notre individualité ? Ma patrie, ma terre, mon peuple, ma maison, mon drapeau, mon parti, mon église, ma religion...Tant qu'on reste dans ce domaine du moi et toi, ce domaine du possessif, ce domaine d'une confrontation toujours possible, parce que même en dialoguant avec l'autre, j'essaie toujours en moi-même, je pense quand même que c'est moi qui ait raison. Alors, sans cette perspective d'unité de l'être, sans faire en sorte que l’autre fasse partie de moi-même, comment pouvons-nous trouver la paix ? Je ne fais la paix qu'avec celui qui fait partie de moi-même, celui qui me ressemble. Je tiens peut-être pour certains un discours tout à fait théorique, tout à fait chimérique, mais je m'en tiens à ce discours en disant que le champ religieux et celui de toutes les religions sans exception doit échapper à la situation dans laquelle il se trouve, et je viens d’un pays qui s'appelle l'Algérie - vous savez ce qui se passe dans ce pays - donc je parle en conséquence. Il faut libérer le domaine religieux de l'otage dans lequel il se trouve aujourd'hui, l'otage des politiques.
Je voudrais encore, pour ne pas être trop long, dire que nous sommes tous, chacun à notre façon, fiers d'appartenir à une communauté, à une religion, à un message, mais n’oublions pas l’essentiel ! L'essentiel est que nous sommes comme les grains d'un chapelet, chacun individuellement mais reliés par un fil, ce fil c'est l'esprit qui anime tout être humain. Celui qui voit l'humanité dans cette perspective, qu'il fait partie d'un tout, et qu'il n'est en fait qu'un instant dans le temps. L'éternité est à Dieu et c'est ce discours que je voudrais surtout que les jeunes comprennent, qu'il faut qu'ils bousculent ce monde, ce monde d'adultes qui, assis sur des convictions et des vérités toutes faites, qu’elles soient matérialistes, financières, religieuses,… on parle de la mondialisation aujourd'hui…, mais ce que je voudrais que nos jeunes aujourd'hui apprennent et c'est mon témoignage : je ne suis pas venu vous apprendre quoi que ce soit, seulement témoigner que cette perspective de paix existe, elle existe en chacun de nous dans un retour vers l'essentiel. Vous les jeunes, bousculez ce monde et allez vers l'universel, devenez hommes et femmes universels portant en vous et à travers vous l'humanité toute entière et l'héritage qui lui vient depuis la nuit des temps. Merci beaucoup.
Rencontres au Service de la Paix, Bruxelles, le 13.09.1997 Organisation : Ouvertures a.s.b.l., Annelie Löhr-Campion, Belgique ouverturesforpeace.eu |